mardi 27 mai 2014

[Coup de coeur] Je ne songeais pas à Rose, Victor Hugo.

Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi
Nous parlions de quelque chose
Mais je ne sais plus de quoi.

J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire : "Après ?"

La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.

Moi, seize ans, l'air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.

Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.

Un eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.

Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu.

Je ne savais pas quoi lui dire ;
Je la suivais dans les bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.

Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
"Soit ; n'y pensons plus !" dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.


2 commentaires:

  1. C'est une excellente idée de mettre un poème en avant ! Ça change beaucoup de ce qui se fait sur les blogs et je ne le connaissais pas! Je ne suis pas une grande amatrice de poésie il faut dire ;)

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  2. Merci Kllouche !
    En effet, je n'ai jamais vu de poèmes dans les blogs parcourus.. Je me suis dit que celui-ci méritait d'être (re)-lu :)

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